Santé ► L’époque des méningites ou le parcours du combattant : témoignage

Sophie*, 39 ans, habitante de Chessy, a enfin reçu un diagnostic pour le mal de tête dont elle souffrait depuis un mois : c’est une méningite ! Lundi 24 octobre, les résultats des analyses sont tombés…

Sophie traînait son mal de tête depuis un mois. Ce qu’elle appelait des « migraines » a débuté en septembre. Ça cognait dans sa tête… Tout naturellement, elle est allée voir son médecin traitant, mais il était malade et donc absent.

Elle a fini par appeler SOS Médecin, se disant que « ça ne valait pas la peine d’aller aux urgences de l’hôpital pour un mal de tête quand même… »

Le médecin lui a conseillé du paracétamol 1 000. « C’est tout simple et c’est ce qu’il y a de mieux, avec du repos » a-t-il précisé. En effet, du repos, Sophie en avait bien besoin : elle était hyper fatiguée.

Le paracétamol n’a rien fait. Le mal de tête toujours terrible et cognant persistait et trois jours plus tard la Cassassienne atterrissait aux urgences à l’hôpital de Marne-la-Vallée, à Jossigny. Examens, scanner et toujours rien… On ne trouvait rien.

« Evidemment, dans ces cas-là on se dit qu’on a un cancer, une tumeur au cerveau qui n’a pas été détectée. Tout nous passe par la tête parce que la douleur est toujours là et qu’on sait qu’on a forcément quelque chose, que ce n’est pas imaginaire. Ça fait tellement mal, c’est insupportable » raconte Sophie qui a continué d’aller travailler, peut-être dans l’espoir d’oublier un peu son mal pendant ses journées. Mais au bureau aussi ça cognait. Difficile de mettre la torture de côté… Philippe*, son mari, faisait du mieux qu’il pouvait pour l’aider, l’installant dans le canapé et lui intimant gentiment l’ordre de se reposer, qu’il « s’occupait de tout ». A ces moments-là, Sophie fermait les yeux et tentait de penser à autre chose qu’à sa douleur. Elle se reposait… un peu.

A la poursuite du diagnostic

Une semaine après les examens à Jossigny, Sophie est allée à Saint-Anne, à Paris. Elle a passé une IRM (imagerie par résonance magnétique). Encore et toujours rien. Elle a aussi vu un opthalmo, un ORL… Début octobre, elle attaquait (au sens figuré !) un neurologue à Chelles. Attaquer est un bien grand mot car c’est sur les rotules qu’elle arrivait dans le cabinet. Le neurologue lui a fait faire un EEG (électroencéphalogramme). Rien.

Et puis, c’est au travail qu’une de ses amies lui a parlé du CUC, le centre d’urgence des céphalées de l’hôpital Lariboisière à Paris. « Tout de suite, là-bas, ils ont suspecté une méningite. Ils m’ont fait un scanner des vaisseaux sanguins du cou et une ponction lombaire car il n’y a que comme ça qu’on peut poser le diagnostic » explique Sophie.

« Tout est allé vite. Ils sont efficaces. On s’est inscrits aux urgences en arrivant et on nous orientés tout de suite vers les urgences céphalées. La prise en charge a été hyper rapide » ponctue Philippe qui, en mari attentionné, a accompagné sa femme tout du long de son parcours du combattant.

A peine une heure et demi après son arrivée à Lariboisière, Sophie était sous perfusion « pour tuer la douleur » comme a commenté le personnel médical. Déjà, Sophie se sentait un peu soulagée, moralement et physiquement.

Rapidement, le diagnostic de la ponction lombaire est tombé : « C’est bien une méningite virale. Ce n’est pas particulièrement surprenant, il y en a pas mal en ce moment, c’est la période » ont précisé les médecins au couple qui n’en revenait encore pas d’être enfin parvenu à découvrir ce dont Sophie souffrait.

Ils n’en reviennent toujours pas non plus de voir à quel point les autres médecins n’ont pas pensé à ça…

Jamais sans mon Vidal !

Il ne faut pas être sorti de la cuisine à Jupiter (comme dirait Coluche) ou selon l’expression non détournée, de la cuisse de Jupiter, pour savoir que la méningite virale se propage en fin d’été, début d’automne – ce qui ne veut pas dire que tous les maux de tête sont des méningites… Mais quand même, les médecins « ordinaires » ou même les spécialistes » pourraient bien faire un petit effort de réflexion. Peut-être qu’à force de vouloir dédramatiser, le mauvais pli les empêche de voir clair ?

Bref, si on n’arrive pas en annonçant soi-même de quoi on souffre, histoire de les mettre sur la voie, ils peuvent bien ne se douter de rien… Le nez plongé dans les livres, Vidal greffé dans une main (c’est lourd mais ils s’habituent bien), ils ne s’attendent pas à ce que les symptômes glissent un peu de perfidie dans leur apparition. Ainsi pour une méningite, il faut : avoir la nuque raide, avoir des vomissements, de la fièvre et mal à la tête… Puisqu’on vous dit que c’est dans le bouquin !

Quant à Sophie (qui n’est pas un livre), elle n’a plus mal, le traitement adapté a fait son effet.

* Les prénoms ont été changés.

Le CUC Lariboisière

Méningite