Un dramatique incendie s’est produit à Boutigny, vendredi 23 juin, dans une maison de la rue La Fontaine. Son propriétaire âgé de 80 ans, Jean-Claude Loriné, est décédé.
Un incendie selon toute vraisemblance accidentel, s’est déclaré aux environs de 19 heures, dans une maison située dans le bas de la rue La Fontaine. C’est un voisin qui, voyant de la fumée s’échapper du toit, a alerté les secours. Le propriétaire et occupant de la maison, Jean-Claude Loriné, vivait seul. Il a été retrouvé par les pompiers qui ont tenté de le ranimer mais il avait déjà succombé à l’inhalation des fumées toxiques dégagées par le feu couvant.
Jean-Claude était boutignacien « depuis toujours ». On le voyait circulant par monts et par chemins sur le territoire communal. Son fidèle quad le portait chaque jour au lieu-dit Les Murjets où il possédait un joli lopin de terre aménagé en verger. Il l’avait même équipé d’une petite serre dans laquelle il bichonnait ses semis et se souciait de l’arrosage.
Il avait toujours des choses intéressantes à raconter, sur la nature, les renards, les sangliers, les fouines, et les pigeons, qui migraient parfois « trop tôt » à son goût. En tout cas, arrivé au verger, il grimpait, toujours dans un grand chêne, le plus haut possible, malgré des douleurs lancinantes à une hanche. Au carrefour formé par les branches les plus solides, il avait agencé un mirador pour la chasse, une sorte de plateforme avec quatre côtés. Il pouvait y rester des heures, en hiver comme en été, pour, comme il disait, « tirer trois ou quatre pigeons ». Sa détermination et son amour pour la nature le faisaient tenir, même quand il gelait à pierre fendre.
Sa vie était depuis longtemps réglée comme du papier à musique. Il racontait : « Le matin, je vais à mon mirador et je rentre sur les coups de 13 heures, je mange, et je me repose. Le soir je vais un peu voir les nouvelles sur Internet… » Il donnait parfois une de ses recettes de cuisine, comme le coquelet rôti, un de ses plats préférés du dimanche, disait comment il fallait ramasser les pommes, et surtout, qu’il n’aimait « que le miel d’acacia ».
Son existence avait été faite de plusieurs métiers, dont celui de pompier. C’est vrai qu’il avait une âme, de celles comme on en rencontre peu, avec une vraie générosité de cœur.
La nouvelle de son décès a choqué les habitants du village.
S’il avait su qu’il allait succomber « bêtement » dans l’incendie de sa maison, sans doute aurait-il commenté simplement : « C’est la vie… C’est peut-être mieux de partir comme ça que de passer des mois sur un lit d’hôpital pour ne pas en ressortir… »
On lui souhaite de poursuivre sa liberté là-haut, tout là-haut, encore bien plus haut que les branches de son chêne, de trouver un endroit plein de nature où les pigeons migreront à la bonne période, et où toutes les tartines seront faites avec du miel d’acacia, mais il va nous manquer, c’est certain. Déjà, savoir que le moteur de son quad roulant à 20 à l’heure ne ronronnera plus autour de son verger annonce la dure réalité de l’absence.
Adieu l’ami Jean-Claude.