Un client a présenté à la pharmacie une ordonnance prescrivant un médicament coûteux, vendredi 17 juin, à Bussy-Saint-Georges. L’ordonnance était falsifiée. Le client a été interpellé par la police.
Le client a présenté une carte Vitale et une ordonnance au nom d’un tiers : tout un chacun peut aller chercher des médicaments pour une personne dans l’incapacité de se déplacer. En mettant la carte à jour, le pharmacien a constaté que le titulaire n’était pas du secteur.. Au moment de délivrer le médicament prescrit, il a été alerté par un signalement lancé par le syndicat des pharmaciens alertant sur l’usage frauduleux du même type d’ordonnance pour un traitement contre le cancer, la boîte prescrite coûtant 4 418 euros.
Le pharmacien a demandé au client de patienter, le temps de vérifier dans la réserve si le produit était disponible. En réalité, il a appelé la police municipale pendant que ses collègues fermaient discrètement la sortie. Les policiers sont arrivés rapidement à l’officine et le client a été interpellé sans opposer de résistance. Il a été conduit au commissariat de Chessy, où le pharmacien a porté plainte.
Catherine Cochet, co-présidente de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine de Seine-et-Marne, indique : « C’est un trafic très organisé et très lucratif. Le préjudice se compte en millions d’euros pour la Sécurité sociale. Et cela peut être très impactant pour le pharmacien. Jusqu’à présent, les fraudeurs venaient avec une ordonnance, mais ils n’avaient pas de carte Vitale et on pouvait rapidement avoir des soupçons. Alors que maintenant, ils viennent avec ordonnance et carte Vitale. Il semblerait que les trafiquants envoient des mineurs, qui risquent moins en cas d’arrestation, acheter le médicament avec leur carte Vitale. Ils récupèrent ensuite le médicament et l’expédient à l’étranger, très souvent en Afrique, où ils le vendent à un prix défiant toute concurrence. On arrive à un moment où l’ordonnance est tellement bien falsifiée que rien n’est visible. En général, ce sont des ordonnances hospitalières. On a une carte à jour, un assuré qui a des droits ouverts, à qui on fait de bonne foi un tiers payant et la Sécurité sociale ne nous paye pas. Cela peut impacter grandement l’équilibre économique de l’officine et on n’a quasiment pas de parade. C’est très désagréable parce que cela nous rend suspicieux envers des clients venant d’autres départements. On se retrouve face à des gens à qui l’on dit de revenir le lendemain après vérification et qui le prennent mal. »
Le trafic est si bien organisé que, parfois, même quand le pharmacien vérifie l’ordonnance en appelant le numéro sur le document, il appelle en fait un faux médecin. Le syndicat recommande la plus grande vigilance à ses membres et envoie régulièrement des mails pour diffuser les fausses ordonnances avérées.
Catherine Cochet conclut : « J’attends avec impatience les e-prescriptions qui doivent arriver, suite au Ségur de la santé, parce que les prescriptions ne seront pas falsifiables. Le médecin générera un QR code sur son ordonnance, qui ne pourra servir qu’une seule fois. »