A la sortie d’une boîte de nuit, avenue de l’Europe à Bussy-Saint-Georges, Amin* s’est interposé entre une jeune femme et son agresseur, Bilal. Ce dernier s’est retourné contre le « bon samaritain », puis, aidé d’une dizaine de copains, l’a attaqué armé d’un tesson de bouteille. D’un geste rapide, il a touché Amin au cou, lui sectionnant un muscle, un nerf et une artère. Vendredi 14 juin, l’affaire passait au tribunal correctionnel de Meaux.
Bilal était convoqué au tribunal pour être jugé, vendredi, mais il ne s’est pas présenté à l’audience. Cela n’a pas empêché les magistrats de le reconnaître coupable de violences aggravées par l’usage d’une arme par destination et de le condamner à six mois d’emprisonnement ferme.
Amin, la victime, était à la barre pour livrer sa version des faits : « En sortant de la boîte, on était dans la voiture et en partant j’ai vu un gars violenter une fille, près de la poubelle de McDo. J’ai dit à mon ami d’arrêter la voiture et je suis descendu pour aller aider la fille. Une fois à sa hauteur, elle m’a vu et a commencé à me crier dessus en me disant de pas la toucher ». Les témoins de la scène, les trois amis d’Amin, ont vu depuis leur voiture « le gars », Bilal, envoyer des coups de genoux dans l’abdomen de l’agressée. La jeune femme était en fait la petite amie de Bilal.
La situation a dégénéré et Amin a dû se défendre des attaques de Bilal. Il est parvenu à plaquer son agresseur au sol et à lui envoyer quelques coups de poings au visage. Après quoi il a décidé de partir, « sentant bien qu’il était de trop ». C’était sans compter sur les dix amis de Bilal qui venaient de se regrouper autour des deux protagonistes.
Il brandit un tesson de bouteille
Bilal s’est relevé et a récupéré au sol un tesson de bouteille de whisky. Ivre et engaillardi par ses amis, il s’est rué sur Amin avec son arme improvisée et lui a tranché le cou. La victime a alors fait demi-tour, ne se rendant pas compte de la gravité de sa blessure. Amin raconte : « Je me dirigeais vers la voiture quand je me suis senti partir. J’ai vu le sang sur mes mains puis je suis tombé. J’ai perdu connaissance ».
En l’attaquant au cou, Bilal lui a sectionné un muscle, un nerf et une artère. Les amis d’Amin ont témoigné : « On a vu tout le sang puis il est tombé. On s’est tout de suite couché sur lui pour le protéger parce qu’on a vu les autres qui venaient pour le tabasser par terre ». Deux de ses compagnons ont fait écran pour défendre Amin. Des passants assistant au déferlement de violence, ont alerté la police qui est arrivée sur place quelques minutes plus tard et a interpellé Bilal. Il a été placé en garde à vue puis remis en liberté avec une convocation en justice.
Depuis, le prévenu ne répond plus aux convocations. « Il ignore les appels de la justice, il ne joue pas en sa faveur », a déclaré le ministère public à l’audience, rappelant « qu’une convocation au tribunal n’est pas optionnelle ». Il a requis une peine de prison ferme à l’encontre de Bilal, ses absences répétées aggravant son cas d’autant qu’il a déjà été condamné plusieurs fois pour des faits de violence. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet.
En outre, le récidiviste a été condamné à verser des dommages et intérêts à sa victime car l’agression lui a laissé des séquelles permanentes. Un nerf ayant été sectionné, une partie de son cou et son oreille gauche sont devenus insensibles. Amin souffre également d’une lésion musculaire qui lui bloque l’épaule. Un médecin a été chargé par le tribunal d’évaluer l’incapacité physique. L’indemnité intègrera aussi le préjudice moral subi car Amin ne pourra pas participer aux compétitions de force athlétique auxquelles il était inscrit et « impatient d’y être » comme il l’a déclaré.
* le prénom a été changé