Deux hommes ont été interpellés pendant le Marvellous Island Festival, rassemblement de fans de musique électronique qui se déroulait du vendredi 8 au lundi 10 juin, sur la base de loisirs de Torcy. Tous deux essayaient de passer des stupéfiants dans l’enceinte de la manifestation.
Le premier, Yussef*, a été interpellé samedi 8 juin, en début de festival, avec des cachets d’ecstasy dans les poches. Il avait l’intention de les vendre aux festivaliers. L’homme n’est pas inconnu de la justice puisque son casier judiciaire comprend déjà dix-neuf mentions. Qui plus est, Yussef s’était soustrait, depuis février, à sa détention au centre pénitencier de Condé-sur-Sarthe (Orne). Il y purgeait une peine de neuf ans à laquelle il avait été condamné en 2010 pour le viol de sa compagne de l’époque. Il n’avait pas regagné la prison après une permission qui lui avait été accordée pour qu’il se rende à un entretien d’embauche.
Lors de sa comparution immédiate, mardi 11 juin, Yussef a préféré accepter le renvoi de son jugement, délai accordé par la justice pour que « le prévenu puisse préparer sa défense ». Il a été placé en détention provisoire jusqu’à son nouveau passage devant le tribunal de Meaux, le 12 juillet.
« La maladie n’est pas un joker »
Le second, Habibou, 39 ans, a proposé de la résine de cannabis à un agent de sécurité, toujours au même festival, dans la nuit de dimanche à lundi. Il a d’abord été interpellé par l’agent avant que celui-ci ne prévienne la police. Les forces de l’ordre ont trouvé 81 grammes de résine de cannabis sur lui ainsi qu’une « cocotte », autrement dit un petit sachet, contenant 0,5 grammes de poudre blanche, qui sera identifiée comme de la kétamine, un anesthésiant.
Diagnostiqué schizophrène, Habibou suit un traitement psychiatrique et médicamenteux. Dans le box des prévenus, mardi, il a plaidé sa cause : « Je suis malade du cannabis. Je fume dix joints par jour. Il faut m’aider. Je peux pas aller en prison, je suis malade ». Devant le jeu du prévenu, la présidente, Joëlle Nahon, a répliqué : « Aux yeux de la justice, la maladie n’est pas un joker. Et si vous voulez vraiment être aidé pour votre problème avec le cannabis, vous devez faire les démarches par vous-mêmes ». Habibou a lancé : « Sur le Coran de la Mecque, c’est la dernière que vous me voyez dans un tribunal, madame la présidente. Que Dieu m’emmène en enfer si je me retrouve à nouveau dans un tribunal ! »
Habibou non plus n’en est pas à sa première fois devant un tribunal. L’homme, né au Mali, a déjà vingt-trois éléments à son casier judiciaire. Son avocate, commise d’office, l’a défendu : « Je ne suis pas sûre que la prison ferme soit la sanction adéquate ici. Ce n’est pas parce qu’il y a une classe de collégiens présente aujourd’hui dans l’audience que vous devez faire dans le punitif ». Elle poursuit : « Et je dois dire que ce dossier est très incomplet. Où est le témoignage de l’agent de sécurité ? »
Le procureur, Nathalie Scholler, a déclaré : « J’ai le sentiment qu’on a affaire à un vieux routier des audiences correctionnelles. Vous dites ce que vous pensez, ce que les magistrats vont apprécier. J’ai beaucoup de mal à adhérer à votre laïus ». Finalement, Habibou a été condamné à neuf mois d’emprisonnement ferme.
Clément* était aussi au « Marvellous », comme il l’appelle. Il témoigne : « Sur les deux jours où j’étais au festival, on m’a proposé d’acheter des trucs au moins une vingtaine de fois ». Son compère, Saïd*, reprend : « C’est normal dans ce genre de fête tech’ ».
*Les prénoms ont été changés.