AU TRIBUNAL –
Fabrice a été entendu, mardi 6 février, dans le box des détenus, en comparution immédiate. Il s’était introduit de force dans les locaux de l’association de la Rose des vents, à Mareuil-lès-Meaux, et avait menacé deux employés avec un couteau.
Il a 36 ans, il en parait pourtant beaucoup plus. A la barre, Fabrice a un regard à la fois dur et résigné, marqué par 19 ans de vie de SDF. Comme il essaie d’arrêter l’alcool, il est sujet à des périodes de convulsions et d’épilepsie, et c’est pourquoi il préfère toujours dormir dans un local géré par une association plutôt qu’à la rue. Mais après de nombreux accès de violence, la Rose des vents a été contrainte de lui fermer ses portes.
L’entrée de la Rose des vents à Mareuil-lès-Meaux (Google Street view)
Hors, vendredi 3 février, un marginal a frappé violemment Fabrice avec une bouteille, avant de courir jusqu’à la Rose des Vents. Littéralement ivre de rage, drogué à l’extasy, Fabrice l’a poursuivi, a défoncé la porte de l’association avant de pénétrer précipitamment dans les locaux. Il n’y a pas trouvé son agresseur, seulement deux employés dans la cuisine. Il a alors saisi un couteau de dix centimètres et a lancé : « Je vais tous vous tuer et me tuer ensuite ! » Un autre employé est arrivé, non sans mal, à lui arracher l’arme des mains. Et là, contre toute attente, il a expliqué « être comme sorti d’un trou noir » et a balbutié : « J’espère que j’ai blessé personne… » Il s’est ensuite assis sur les marches de l’entrée en attendant la police.
A la fin du récit, le tribunal a compris qu’il avait affaire à une « personnalité complexe ». Lorsque le procureur a décrit le profil psychiatrique du prévenu, il l’a dit « atteint d’altération de discernement », et a rappelé « qu’en tant que marginal, il n’avait aucun suivi médical, encore moins concernant l’alcool ». Il a mentionné aussi que Fabrice était conscient de sa dangerosité puisqu’il avait déclaré : « Je voulais qu’ils m’attachent car j’avais peur d’être hors de contrôle ». Fabrice a d’ailleurs effectué une dizaine de séjours en prison et est plongé dans un environnement perpétuellement violent : « J’ai des balafres sur tout le corps, c’est pour ça que je préfère le corps-à-corps au couteau… » De quoi laisser l’auditoire perplexe…
La carapace que le prévenu tendait à afficher à l’audience correctionnelle, face aux juges de Meaux, était bien mince. Ses réponses trahissaient une fragilité évidente.Les mains crispées et le visage grave, il a répondu aux questions. « De quoi avez-vous réellement besoin ? » a demandé le magistrat. Fabrice a affirmé : « Qu’on m’isole… »
Son avocat a expliqué que l’affaire en question était un SOS car Fabrice avait « désespérément besoin d’aide » : « Nous n’avons pas réussi, et par nous, j’entends la société, à le sortir de la spirale infernale qui dure maintenant depuis 19 ans ».
Fabrice a été condamné à 12 mois de prison dont 4 avec sursis et une obligation de soins psychiatriques liés à l’alcool. La juge a ajouté : « … ainsi que la nécessité de ne plus revenir à la rue ».