Riad a été jugé en comparution immédiate à Meaux, lundi 23 janvier, soupçonné d’avoir détenu de la résine de cannabis, le 19 janvier.
Il a été interpellé au 43 cours des Roches à Noisiel. Le quartier est célèbre et trop connu des services de police pour le trafic de drogue qui s’y déroule « en permanence ». Ce n’est une surprise pour personne.
Au tribunal correctionnel, les magistrats expliquaient à quel point les versions de la police, d’une part, et celle du prévenu divergeaient.
D’un côté, la police affirmait avoir clairement vu Riad, à deux reprises, manipuler deux à trois sachets de cannabis pendant que deux de ses « collègues » faisaient le guet. Ce jour-là, deux témoins ont aussi identifié Riad au commissariat en le décrivant avec précision. Déjà la veille, une patrouille avait repéré un groupe de dealers et avaient identifié l’homme.
D’un autre côté, depuis le box des détenus, lundi, le prévenu niait, affirmait qu’il ne savait rien, s’insurgeant poliment et ponctuant toutes ses phrases par « Madame la juge ». Si son casier judiciaire est rempli d’infractions comme de multiples usages de stupéfiants ou de conduite sans permis, Riad ne laissait rien paraître de son passé de multirécidiviste. Il racontait aux juges qu’avant d’être arrêté, il « mangeait près du cours des Roches » et que « la police lui avait sauté dessus ».
Il a aussi insisté sur le fait qu’il était en période de semi-liberté et qu’il ne pouvait se permettre de « tout gâcher », jouant parfois du registre mélodramatique en mentionnant son père handicapé qu’il ne voulait pas faire souffrir, ou sa mère qui a tenté de l’arracher à ses « mauvaises fréquentations destructrices ».
Le procureur de la République ne s’est pas laissé amadouer et a tenu un discours plutôt incisif : « Le prévenu ment depuis le début du procès. Il a été aperçu trois fois en deux jours au 43 cours des Roches par la police et des témoins, avec les deux mêmes guetteurs. La police l’a bien vu prendre trois sachets, et quand elle lui a demandé où il travaillait, Riad a indiqué une mauvaise adresse. Effectivement, il a un travail mais si, à toutes ses pauses, il continue le trafic de drogue, ce n’est pas ce que j’appelle respecter la semi-liberté instaurée le 19 décembre ».
L’avocate de Riad a monté le ton : « La police a effectivement trouvé des sachets de cannabis, mais au moment de l’interpellation, Riad n’en détenait pas. Pas plus que de l’argent en liquide, alors que les dealers en possèdent toujours sur eux… On veut expédier le dossier ».
Alors que le jugement semblait toucher à sa fin après le discours du procureur, tout a changé lors du plaidoyer de la défense puisque Riad a été relaxé. C’est sous les regards amusés d’une classe de collégiens venus en observateurs qu’il est sorti du tribunal après avoir dit, décontracté : « Merci beaucoup madame la juge, au revoir et bonne journée ».