Lucas* et David* ont été jugés en comparution immédiate, lundi 9 janvier, pour « acquisition, détention, et usage de cannabis ». Tous les deux ont été interpellés à Meaux, dans le bâtiment Aquitaine du quartier de Beauval, trop connu des services de police pour son « emplacement stratégique » dans le trafic de cannabis.
Le 6 janvier, dans le bâtiment Aquitaine, résonnait de la musique et des cris provenant du haut de l’escalier et, une fois n’est pas coutume, l’endroit baignait dans une forte odeur de cannabis. Quand la police est entrée dans le hall, une voix s’est élevée : « Y a les porcs ! ». Les jeunes qui étaient au troisième étage se sont éparpillés comme une volée de moineaux et ont disparu. Seuls sont restés Lucas et David, peut-être l’esprit trop embrumé et les réactions engourdies par les effets de la fumée…
Lundi, David, 19 ans, était le premier à se pencher sur le micro, dans le box des prévenus, pour répondre aux juges. Chômeur depuis un an et refusant d’aller aux rendez-vous de Pôle emploi, David envoie régulièrement des mandats cash à ses copains en prison. Quand la présidente du tribunal lui a demandé comment il trouvait cet argent alors qu’il ne travaillait pas, il a confié, embarrassé : « J’aide mes voisines à monter leurs courses chez elles ». C’est pourtant la somme de 384 euros en liquide que la police a retrouvée sur lui, le 6 janvier. Le juge a souligné : « C’est une somme qu’on n’acquiert pas en montant des courses… Bientôt c’est à vous qu’on enverra des mandats cash. ».
Si c’était la première fois que David comparaissait devant un tribunal, son casier judiciaire vierge contrastait avec celui de Lucas, trafiquant multirécidiviste d’à peine 19 ans. Le procureur, Emmanuel Dupic, l’a d’ailleurs souligné : « Le prévenu a plus connu la prison que la liberté entre 2014 et 2016, faisant l’objet de neuf condamnations en deux ans ».
Nerveux, Lucas a exprimé sa profonde haine envers la police : « Les flics m’aiment pas parce que je les ai déjà em…dés avant ».
Face au tribunal, l’avocat des deux prévenus s’est insurgé : « L’enquête présente des lacunes, car de toutes les personnes qui étaient là ce jour-là, n’en sont ressorties que deux jeunes. De plus, il n’y a pas eu de recherches ADN… Une peine aurait pu être crédible si la police avait fait son travail… »
David a été condamné à six mois de prison avec sursis, obligation de soins et obligation de travailler dans les six mois. Lucas a été condamné à douze mois d’emprisonnement dont six mois fermes et obligation de soins. Lucas n’a manifestement pas apprécié le verdict et a insulté la greffière à la fin de l’audience. Il a rapidement été sorti du box par les policiers alors qu’il se débattait pour rester et continuait à vociférer.
*Les prénoms ont été changés