Les rencontres de Roissy Meaux Aéropôle ont rassemblé, mardi 15 octobre au Colisée de Meaux, les acteurs clés du transport et de l’énergie pour aborder les défis de la mobilité durable. L’hydrogène et d’autres énergies nouvelles ont été au cœur des débats des tables rondes.
Les rencontres Roissy Meaux Aéropôle, qui avaient lieu pour la deuxième année, ont abordé les thèmes des défis de la mobilité durable : le transport ferroviaire, le fluvial, l’aérien ainsi que les plateformes aéroportuaires. Catherine Mac Gregor, directrice générale d’Engie, a rappelé la taille de l’enjeu : « Les transports représentent 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. » Jean-François Parigi, président du Département de Seine-et-Marne, indique : « La problématique de la mobilité est un souci numéro un. Depuis plusieurs mois, nous essayons de bouger les lignes, même si le contexte budgétaire est compliqué. »
L’une des problématiques abordées est celle de la souveraineté nationale.
En introduction des tables rondes, Gwénaëlle Avice-Huet, directrice générale de Schneider Electric, a dressé le constat : « Les prix de l’énergie européens sont trois à cinq fois plus élevés que les prix américains. Donc, au-delà de la question du développement durable, c’est un sujet de compétitivité pour l’Europe… On pourrait gagner un point de croissance si notre énergie bénéficiait des mêmes prix que ceux des États-Unis. »
Catherine Mac Gregor souligne : « Il faut absolument développer une souveraineté énergétique et développer des moyens de production locaux. »
Le maire de Meaux, Jean-François Copé, également président de la communauté d’agglomération du Pays de Meaux, et président du groupement d’intérêt public Roissy Meaux Aéropôle, précise : « Nous avons fait le choix d’être très engagés sur les questions de l’énergie sur le territoire, qui compte cinq cent mille habitants. Ces deuxièmes rencontres Roissy Meaux aéropôle sont une opportunité formidable de travailler ensemble avec Aéroport de Paris. On a la chance d’avoir la plateforme de Roissy, qui est dédiée à l’emploi, à la recherche et aux nouvelles technologies. »
L’un des leviers sur lesquels la France est compétitive est l’hydrogène.
Pascal Doll, président de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France, déclare : « La place de l’hydrogène, c’est peut-être le symbole de la place de la France en matière d’innovation, de recherche et de réalisation industrielle. Si nous laissons passer l’échéance, d’autres s’en saisiront. La recherche et le développement, c’est l’avenir. »
Jean-Louis Durand, président de la communauté de communes Plaines et Monts de France, également président de Paris Charles de Gaulle – Alliance, ajoute : « L’hydrogène est sûrement la solution de demain. Nous devons travailler avec les industriels pour créer les filières de demain, recruter des chercheurs, des mécaniciens. »
Sept sites supplémentaires pour Lhyfe
Premier fournisseur d’hydrogène vert et renouvelable en France, Lhyfe a actuellement quatre sites en cours de production. Son fondateur et CEO (chief executive officier), Matthieu Guesné, a déclaré : « Nous sommes en train de construire sept autres sites, avec des projets de développement autour de la région parisienne, du fait de nos nombreux clients dans la mobilité, dont le site de Jouy-sur-Morin en Seine-et-Marne, que nous allons réindustrialiser. »
Parmi les moyens de transport, l’aviation est un secteur au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux. Anne Rigail, directrice générale d’Air France, constate : « On fait face à une société qui, depuis 2019, est de plus en plus demandeuse sur la décarbonation du transport aérien. Entre 2005 et 2019, nous avons réduit nos émissions de 6 % en valeur absolue. Notre ambition aujourd’hui, c’est de les réduire de 30 % par passager/kilomètre jusqu’à 2030. Pour cela, il faut accélérer tous les leviers à disposition pour le transport aérien. »
Le premier levier est le renouvellement de la flotte, en utilisant de nouveaux carburants durables, que sont les biocarburants et les carburants de synthèse : « Depuis quatre ans, nous faisons entrer à un rythme inédit des avions de nouvelle génération, dont huit Airbus 350 et une quinzaine d’Airbus 250 en moyen courrier par an, ce qui représente un milliard d’euros d’investissement par an, et permet une diminution de près de 25 % d’émission pour chaque avion renouvelé. »
Pour décarboner l’aérien, Engie développe en Normandie le projet KerEAUzen, qui permettrait de produire 70 000 tonnes par an d’e-kérosène à l’horizon 2030, soit l’équivalent de trois mille trajets Paris-New-York. Catherine Mac Gregor commente : « Il s’agit d’un carburant de synthèse bas carbone, obtenu à partir d’hydrogène produit localement par Lhyfe, et de dioxyde de carbone, produit sur place à partir de la plateforme Salamandre, au port du Havre, qui fournirait onze mille tonnes par an de biométhane de deuxième génération à l’horizon 2027. »
Édouard Philippe, ancien Premier ministre, maire du Havre, constate : « Aujourd’hui, le fuel que vous mettez dans les avions à Roissy ou à Orly arrive directement du Havre. De fait, les zones les plus intéressantes pour produire massivement de l’hydrogène sont les zones portuaires, Dunkerque, Le Havre, Fos. »
L’ancien Premier ministre a rappelé la production massive en Normandie d’énergie nucléaire, donc bas carbone, par la centrale nucléaire de Flamanville.