La circulation routière rend la vie des habitants de Jablines infernale. Le village est traversé par la D45, une départementale au trafic croissant et source de nuisances invivables. La mise en circulation alternée du pont d’Annet qui relie la commune à Jablines et la forte fréquentation de la base de loisirs de Jablines-Annet en été s’ajoutent des embouteillages sans précédent en heures de pointe. Le maire de Jablines, Jean-Michel Barat, a exposé la situation, lundi 1er juillet et des Jablinois témoignent.
Les belles journées d’été et la chaleur n’arrangent pas les conditions de vie quotidienne dans la commune. Avec un trafic routier incessant, les habitants peinent à profiter de leurs jardins, encore plus sortir de chez eux en voiture, ou rentrer chez eux. La forte fréquentation de la base de loisir, l’été, amplifie le phénomène.
« Les habitants de Jablines se sentent pris en otage », déplore le maire Jean-Michel Barat. Pour lui, le village d’un peu plus de sept cents habitants, est traversé par la départementale 45 reliant l’aéroport Paris Charles de Gaulle et Disneyland, un axe incontournable pour éviter la Francilienne.
Lié aussi à l’accroissement de la population et à la construction de nouveaux logements, le trafic augmente au fil des années. Selon la Direction des routes, ce sont aujourd’hui plus de six mille véhicules qui traversent chaque jour la départementale. Il suffit de la longer en milieu de journée pour se rendre compte du bruit incessant des voitures et des camions, et d’imaginer l’enfer sonore et la pollution engendrée aux heures de pointe. Jablinois depuis vingt ans, Rémi habite une maison en bordure de la D45 : « Nous sommes passés de deux mille à six mille véhicules par jour. C’est aujourd’hui très désagréable d’être dans notre jardin. »
Jérôme, qui habite à Jablines depuis 1999, raconte : « Ce qu’il faudrait, c’est mettre des feux couplés à un radar. Les relevés de la Direction des routes ont mis en évidence des vitesses allant jusqu’à 110 kilomètres heure, mais rien n’est fait, je pense qu’on attend d’en arriver à un accident… Le problème est que la départementale appartient au Département , donc on ne peut rien faire sur cette route. Cela faisait près de cinquante ans qu’une déviation était prévue au niveau de l’entrée de l’île de loisirs, mais ce n’est plus à l’ordre du jour. »
À cela s’ajoute le problème du pont d’Annet, qui a connu des travaux depuis novembre 2022. Pour créer une voie verte avec une piste cyclable, ce pont a été mis en circulation alternée, mais a fini par provoquer un engorgement en heures de pointe et les week-ends de forte affluence à la base de loisirs, qui peut recevoir jusqu’à quinze mille personnes par jour. Ce sont ainsi des queues pouvant s’étendre au-delà de deux kilomètres, jusqu’au rond point d’Annet, et durer jusqu’à une demi-heure d’attente, regrette Jean-Michel Barat : « Cela a complètement changé la vie des habitants de Jablines puisqu’ils n’accèdent plus aux commerces d’Annet, boulanger, pharmacie, épicerie, et doivent dorénavant partir du côté de Coupvray. » À Annet, les commerçants s’insurgent : « C’est la catastrophe ! »
« Mes habitants réagissent de plus en plus mal, ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent plus aller au travail le matin, ils ont l’impression d’avoir été pris en otage », se désole le maire. Un groupe Facebook a été créé il y a deux ans, « Pont/Contournement RD45 Annet/Jablines/Chalifert/Lesches ». Les commentaires relatent le quotidien de Jablinois ; il est par exemple constaté que « le feu du pont est trop court et ne laisse passer que trois à quatre voitures ». Certains constatent que « des cyclistes ne roulent même pas sur la voie verte, mais à même sur le trottoir ». « La piste cyclable, la plus petite de Seine-et-Marne, soit 140 mètres), est une ineptie, et d’ailleurs il n’y a pas de piste cyclable reliant le centre de Jablines à l’île de loisirs », déclare Rémi. Jean-Michel Barat ajoute : « La voie cyclable, allant du rond-point d’Annet jusqu’à l’entrée latérale de l’île de loisirs, est très dangereuse à prendre quand on vient de Jablines puisqu’on est obligé de couper la route. »
En avril 2023, une délégation de Jablinois a exposé à la mairie de Lesches le problème au député qui s’était engagé à contacter les maires des communes concernées, ainsi que le Département. Un an après, il n’y a eu aucun résultat, regrette Rémi. De son côté, le maire de Jablines a prévenu le sous-préfet, alerté le Département, et a fini par obtenir de celui-ci que les week-ends de forte fréquentation de l’île de loisirs, le pont soit remis en double sens du vendredi soir au lundi matin, « ce qui ne résout pas tout le problème », regrette-t-il.
La période des Jeux olympiques Paris 2024 ne va pas améliorer le quotidien des habitants puisque la base de loisirs de Vaires est fermée. Les visiteurs se rabattront sur celle de Jablines-Annet. Les habitants de Jablines vont encore devoir s’armer de patience.