Seine-et-Marne ► [Vidéo] Santé, environnement, méthanisation : les conseillers départementaux Marianne Margaté et Anthony Gratagos présentent leur bilan après deux ans de mandat

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Les conseillers départementaux, Marianne Margaté et Anthony Gratacos, élus sur le canton de Mitry-Mory pour la gauche républicaine, communiste et écologiste, ont présenté leur bilan, vendredi 24 mars, après deux ans de mandat. Celui-ci montre des résultats « probants » de l’implication du binôme sur le terrain.

Marianne Margaté et Athony Gratacos assurent prendre à bras le corps les problèmes du territoire du canton de Mitry-Mory sur lequel ils sont élus, et défendre les intérêts de ses habitants, de ses associations et de ses communes. Les enjeux qu’ils défendent et les actions qu’ils ont menées ont été présentés au mois d’avril dans un document qui regroupe les années 2021 et 2022. Si les deux conseillers occupent une place minoritaire au sein du Conseil départemental, ils n’en demeurent pas moins engagés tant dans le domaine de la protection du cadre de vie et de l’environnement que sur des questions liées à l’école, l’éducation, l’emploi, les transports, les services publics de proximité ou bien encore la santé, un domaine qui leur tient particulièrement à cœur. Ils avancent des solutions pour palier le désert médical qu’est devenu le secteur et refusent de croire en l’enrichissement de l’offre de santé à travers les cabines de télé-consultation, mais imaginent plutôt la solution dans des centres de santé départementaux.

La santé dans un désert médical : une priorité

Pour les deux élus, la santé est un réel enjeu pour le territoire, le canton et même le département dans son ensemble. Anthony Gratacos indique : « L’offre médicale est une vraie catastrophe et la période covid a montré de manière encore plus forte les problèmes générés par le manque de médecins et une logistique malmenée… Le Département doit devenir un acteur important pour toutes les questions de prévention et de santé. On est intervenus pour demander au Département de prendre ses responsabilités et d’agir, parce qu’aujourd’hui le manque d’offre de santé a des répercussions très concrètes sur les habitants. On a une espérance de vie en Seine-et-Marne qui est en-dessous de la moyenne nationale. Quand on est à cinquante minutes de l’hôpital, quand on n’a pas de spécialistes à moins d’aller à Paris, le résultat est que des gens meurent de maladie alors qu’ils auraient pu être diagnostiqués et traités si les conditions avaient été réunies… Il y a autant de médecins à Dammartin-en-Goële aujourd’hui qu’il y en avait il y a quinze ans alors que la population a augmenté de manière considérable. Il n’y a pas plus de médecin à Moussy-le-Vieux, il en reste un seul à Moussy-le-Neuf et il part à la retraite dans trois ans… »

Marianne Margaté souligne : « Il y a clairement de la part de la population un renoncement aux soins parce qu’il n’y a plus de médecins de proximité et qu’aux urgences de l’hôpital c’est compliqué. Nous demandons au Département de se saisir de l’initiative des centres départementaux de santé, autrement dit de salarier lui-même les médecins pour créer des centres là où il y a désertification médicale. Le Département réfléchit mais ne s’oriente pas vraiment vers cette voie. Nous  intervenons pour mettre à jour et corriger les effets induits d’une politique nationale de santé, et pour répéter au Département qu’il a un rôle à jouer en réalisant des centres départementaux de santé, c’est une priorité. » 

Les conseillers travaillent aussi sur le dossier de la sectorisation de l’hôpital tandis que la logique voudrait que le canton soit rattaché à l’hôpital Robert-Ballanger (Seine-Saint-Denis). Ils ont interrogé les maires du canton et sont intervenus auprès de l’ARS (agence régionale de santé) de Seine-et-Marne. Ils  précisent : « Nous réaffirmons régulièrement notre volonté pour que les secours puissent transporter les victimes vers l’hôpital le plus proche et non celui de secteur. Certaines communes se trouvent à proximité des hôpitaux de Senlis, Aulnay-sous-Bois et Gonesse. Les hôpitaux de Meaux et de Jossigny, auxquels elles sont rattachées, sont trop éloignés et souffrent de conditions de circulation difficiles conduisant inévitablement à des drames terribles. Ceux-ci pourraient être évités avec des délais d’intervention plus courts… Sur ce dossier, on avance à petits pas mais on avance. Tout le monde est convaincu du bien-fondé de nos demandes.  »

Environnement et méthanisation

Parmi les multiples sujets dont les conseillers débattent, et pour lesquels ils affirment agir, comme les problèmes de collèges, de conditions d’apprentissage, ou encore de transport, figurent les unités de méthanisation. La majorité du Département avance à pas de géants, multipliant les usines de méthanisation. En 2022,  la Seine-et-Marne est devenue le premier département d’Île-de-France producteur de gaz vert et l’un des principaux en France avec ses vingt-deux méthaniseurs, la plupart d’origine agricole.

Marianne Margaté et Anthony Gratacos se placent catégoriquement contre la méthanisation « pour au moins trois raisons ». Ils expliquent : « En premier lieu, c’est un contre-sens en regard de ce que nous disent les rapports du Giec [ndla : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat]. D’après eux, il faut diminuer la production de méthane issu de l’élevage bovin, parce que c’est un gaz qui renforce encore plus le réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. Ça a une vie plus courte mais un effet plus fort. Ensuite, c’est un contre-sens économique. Aucune des installations n’est rentable sans le soutien financier de l’Etat et des collectivités. Ce modèle-là, on l’a déjà vu à l’œuvre en Allemagne qui a des années d’avance sur le sujet. Là-bas, ça a fini de façon tragique car l’Etat, au départ lance les installations auprès d’agriculteurs qui s’endettent en faisant des crédits et mettant à disposition des terres agricoles pour pouvoir méthaniser. Au bout d’un moment, l’Etat arrête de financer car il ne peut pas indéfiniment allonger des chèques pour produire de l’énergie qui est plus chère que celle qu’on peut produire avec d’autres moyens comme l’hydroélectrique ou le gaz naturel. Le risque est que justement on se retrouve comme en Allemagne, avec des agriculteurs ou des groupements qui tout d’un coup sont abandonnés par l’Etat et les collectivités. On est en pleine crise énergétique, l’Etat ne va pas continuer à alimenter la machine, à faire monter les prix de l’énergie. Quand on achète de l’énergie plus chère que ce qu’elle vaut, on fait monter les prix pour les consommateurs. Donc pour la méthanisation, l’Etat baisse les prix de l’énergie produite, comme au mois de juillet dernier, et l’agriculteur va se retrouver avec son usine achetée à crédit, sans les revenus qui servaient à payer le crédit. Soit il va couler, soit il va faire comme ça se fait en Allemagne, utiliser d’autres matières qui n’étaient pas destinées à la méthanisation, comme les déchets ménagers. En Allemagne, pour éviter le ruine des agriculteurs, il a fallu dérèglementer le secteur pour autoriser la méthanisation de n’importe quoi. Ça a permis de faire baisser le prix du méthane produit, mais on se retrouve avec des matières polluées non traitées, ensuite enfouies ou brûlées. Un méthaniseur n’est pas une usine de traitement des déchets. »

Le problème des pollutions agricoles serait ainsi « mis sous le tapis » et les phénomènes d’appauvrissement des sols multipliés.