Lagny-sur-Marne ► [Vidéo] Les frelons « vespa velutina » ont décimé trois millions d’abeilles

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Les ruchers de Nicolas Martin et de son frère Rémy, installés principalement à Lagny-sur-Marne et Coupvray, ont été détruits par des frelons vespa velutina, communément appelés « frelons asiatiques ». Les exploitants ont lancé un appel pour les soutenir, mercredi 9 novembre. 

Le frelon Vespa velutina a tué la quasi-totalité des abeilles des ruchers des frères Martin, sur le territoire de Marne et Gondoire.  Une vidéotournée par les frères Martin permet de constater avec effarement le désastre que ces attaques représentent pour leur activité. Les ruches sont vides et certaines grouillent encore d’envahisseurs. Nicolas déclare : « Cela fait cinq ans qu’il y a des frelons asiatiques en Seine-et-Marne. Normalement, à cette période de l’année, les premiers gels d’octobre doivent avoir tué presque toutes les reines. Certaines, en s’enterrant, parviennent à passer l’hiver et au printemps reconstituent les colonies. Mais avec les températures élevées de cet automne, cela ne s’est pas encore produit et leurs nids sont toujours actifs. Nous avions remarqué le nombre de plus en plus important de nids cette année et quelques prédations dans nos ruches en fin d’été. En septembre, au fil des années, c’est un phénomène que nous avons appris à accepter : à ce moment-là, rien, malheureusement, d’inquiétant. Nous savons qu’à l’automne, le frelon ne trouve plus rien à manger et qu’il attaque les ruches. Mais cette année, les gelées nocturnes ne sont pas encore arrivées et, pour nous, c’est une catastrophe. »

Cent vingt ruches détruites

L’apiculteur a constaté l’ampleur des dégâts : « Cent vingt ruches ont été détruites, soit plus de 70% de notre cheptel d’abeilles. Une hécatombe et, hélas, nous ne pouvons prétendre à aucune indemnisation. C’est dix ans de sélection d’abeilles anéantis en moins d’un mois. Nous avions développé une espèce endémique d’abeilles, l’abeille noire, qui est propre à notre région. C’est tout un patrimoine génétique qui vient de se perdre. » 

Pourtant des moyens avaient été mis en place pour lutter contre l’envahisseur. Nicolas explique : « Nous avons essayé de réduire la taille d’entrée dans les ruches avec des barrettes vertes, mais cela n’a fonctionné qu’un temps car les mâles, plus petits, sont parvenus à entrer dans les ruches. Là, ils mangent tout : le miel, la cire, puis ils coupent la tête des abeilles et ramènent l’abdomen pour nourrir leurs larves. »

Les exploitants qui ont presque tout perdu espèrent pouvoir reconstituer les essaims grâce à leur fonds propres et à la cagnotte qu’ils ont lancée. Nicolas indique : « Pour nous relancer au printemps prochain, nous avons besoin de 30 000 euros. Nous attendons surtout que les pouvoirs publics mettent les moyens pour détruirele vespa velutina, classé comme espèce nuisible. Il faut s’attaquer aux nids avec une nouvelle ampleur et développer les pièges à phéromones comme cela a été fait pour lutter contre les chenilles processionnaires. Il faut savoir qu’avec la pollinisation, l’abeille c’est 80% de ce qu’on mange : fruits, légumes, et toute la chaîne qui en découle. Si le frelon s’attaque aux abeilles domestiques, c’est certain qu’il ne se limite pas qu’à elles. Il doit agresser aussi d’autres espèces solitaires et sauvages. Le désastre n’est pas chiffrable à l’heure actuelle. Le risque de rompre l’équilibre de la biodiversité est à nos portes. C’est au promeneur, lorsqu’il remarque un nid, de le signaler sans tarder. Rappelons qu’on commence à les voir dès le mois de mai. Le frelon n’a pas de prédateur, il s’est adapté à notre climat. Il a conquis la quasi-totalité de l’Europe et la prolifération que nous observons pourrait devenir, si l’hiver est doux et que le froid ne tue pas les nouvelles reines, un problème pour les habitants de la région. Il y a de la prédation entre eux, mais nous ne pouvons pas compter que sur ce phénomène. »

La communauté d’agglomération de Marne et Gondoire a signé une convention avec le GDSA (Groupement de défense sanitaire des abeilles) qui intervient sur simple appel au 01 60 35 43 55. Si vous observez un nid, vous pouvez aussi envoyer un mail à l’adresse suivante : environnement@marneetgondoire. Un professionnel interviendra gratuitement dans les meilleurs délais.