Serris ► [Vidéo] Alex Taylor, « le plus européen des Britanniques », est venu échanger avec les chefs d’entreprise de Marne-la-Vallée

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Alex Taylor est venu à la rencontre de l’Association des chefs d’entreprise de Marne-la-Vallée (Acem) pour une conférence exceptionnelle, jeudi 29 septembre, à Serris. L’auditorium de la chambre de commerce et d’industrie de Seine-et-Marne s’est teinté d’un accent britannique avec la visite du célèbre journaliste-animateur de radio et télévision, souvent qualifié de « Monsieur Europe ».

 

Obsèques d’Élisabeth II, Brexit, identité différenciée entre la France et la Grande-Bretagne, état économique du pays, et même une parenthèse au sujet de la série The Crown, voici, en quelques mots, les thèmes qui furent abordés lors de la conférence exceptionnelle d’Alex Taylor, qui s’est tenue devant un auditoire d’une centaine de chefs d’entreprise.

Alex Taylor explique : « Je suis quelqu’un d’infiniment européen. Je vis depuis quarante-quatre ans en France. Mais si avant je me sentais européen parmi les européens, le Brexit m’a remis devant mes propres questions d’identité. Je suis français depuis 2018 et profondément européen. Comme je suis retourné dans mon pays d’origine pour couvrir le décès de la reine, cela m’a replongé dans mes questions d’identité. Même si on me dit chaque jour que j’ai un accent, personne ne m’a fait sentir que je n’étais pas chez moi, ici en France, en tant qu’européen. Je suis le plus européen des Britanniques et très européen parmi les Français. »

Le journaliste a ponctué d’anecdotes très personnelles une soirée d’échanges permettant de mieux saisir les relations franco-britanniques. En raison de l’actualité récente, il s’est attardé sur la question de l’institution monarchique : « Avec le décès de la reine, l’identité britannique change. Le Royaume-Uni est coupé de ses repères. Elisabeth II était là, rassurante. Elle a incarné une page d’histoire fondamentale entre la Seconde guerre mondiale et le Commonwealth. Avec l’arrivée de Charles III, moins populaire, la monarchie est en danger et certains états membres du Commonwealth réfléchissent déjà à couper les ponts. »

Quant à la relation franco-britannique, elle est, selon lui, aujourd’hui au plus bas : « Je n’ai jamais vu les rapports aussi mauvais. Le Brexit y est pour beaucoup, mais c’est aussi à cause de la presse qui est féroce et très lue, beaucoup plus qu’en France. » Alex Taylor, homme de média, dénonce l’impact de la presse : « 80 % des tabloïds britanniques étaient en faveur de la sortie de l’Union européenne. Presque tous les jours, année après année, les journaux racontaient des mensonges sur l’Europe. Mon pays d’origine n’a jamais eu des relations normales avec l’Europe. Il y a un sentiment de supériorité appuyé par la presse. Aujourd’hui la question se pose pourtant de savoir si la Grande-Bretagne va redevenir ‘l’homme malade de l’Europe’, comme dans les années soixante-dix, quand elle frappait à la porte du Marché commun… La France attire beaucoup plus les investissements étrangers que le Royaume-Uni. Mais la presse ne le dit pas. Les Britanniques ne le savent pas. La Livre est à son plus bas niveau.  Les marchés financiers perdent la foi. C’est le flou le plus total. » Mandrine Fontenas-Mary, présidente de l’Acem, a retenu la posture médiatique britannique : « La vision des Britanniques sur la France m’a le plus marquée, ainsi que l’impact des médias qui a l’air très important. Je suis très contente d’avoir un nouveau recul sur l’information qui circule au sein de la Grande-Bretagne. »

Le Brexit a poussé Alex Taylor à demander la nationalité française. Il a d’ailleurs sorti avec vigueur et fierté sa carte d’identité nationale devant le parterre de chefs d’entreprise. Jean-Charles Herrenschmidt, président de la CCI, commente : « Finalement, Alex Taylor est un vrai Français. Il nous a sorti plusieurs fois sa carte d’identité. Il nous a vraiment montré la situation de la Grande-Bretagne aujourd’hui. Il est intéressant de voir où vont les blocs, où se situe la Grande-Bretagne, par rapport à la fois à la commission européenne, aux États-Unis, mais aussi au Commonwealth. La disparition de la reine crée finalement une véritable cassure et va peut-être ouvrir de nouvelles opportunités. » Le président de la CCI conclut : « Le commerce avec la Grande-Bretagne est aujourd’hui beaucoup plus compliqué. On voit une Union européenne qui avance de manière très forte et une France qui avance avec un taux d’investissement trois fois supérieur à celui de la Grande-Bretagne. On voit donc une énergie. Reste à savoir si les Britanniques vont vraiment rester de leur côté ou vouloir réintégrer l’Europe d’une manière ou d’une autre. Ce sera intéressant à suivre. »

Après la conférence, Alex Taylor n’a pas dérogé à la tradition française du verre de l’amitié, afin de poursuivre des échanges plus personnels.