Meaux ► Vidéo – Projet Terzéo : « L’autorisation pourrait arriver en catimini cet été »

Le collectif « Non au site de déchets dangereux Terzéo » craint que l’autorisation d’exploiter soit donnée à la société cet été, « en catimini ». Au pied des marches de la mairie de Meaux, samedi 29 avril, la manifestation anti Terzéo a rassemblé des riverains des communes de l’arrondissement meldois, concernées par le projet : Villenoy, Isles-lès-Villenoy, Chauconin-Neufmontiers, Esbly, Meaux…


Plusieurs centaines de personnes avaient fait le déplacement pour participer à la manifestation contre Terzéo. Jean-François Copé, président du Pays de Meaux, et Jean-François Parigi, vice-président de la CAPM et président du Smitom (Syndicat mixte intercommunal de traitement des ordures ménagères), ont confirmé leur opposition au projet.

Arsenic et vieille rivière

Début décembre, le collectif avait réuni devant la mairie de Meaux des habitants du secteur pour dénoncer le danger de pollution qui, selon lui, plane sur la population des quinze communes concernées par le projet d’exploitation. La société Terzéo prévoit de s’implanter sur le terrain de l’ancienne sucrerie Béguin-Say à Villenoy et d’y traiter les déchets dangereux (métaux lourds et hydrocarbures). « Le site en question n’a jamais été dépollué après l’arrêt de l’exploitation » avancent les habitants en colère qui ont signé les pétitions pour « préserver leur avenir et de celui de leurs enfants ».

Le collectif indique que de l’arsenic a été détecté et qu’il coule maintenant dans la Marne malgré l’installation d’un sarcophage d’un hectare censé contenir les éléments polluants. Il affirme même qu’une surface de 60 hectares serait polluée.

Il met en lumière les dangers de l’exploitation des tonnes de déchets dans une zone urbaine. La noria de camions qui feront les navettes fait peur, et riverains comme élus craignent qu’elle n’engendre des nuisances sonores ainsi que des problèmes dus à l’augmentation du trafic routier et à la dégradation des routes. Selon lui, l’environnement risque d’être directement impacté du fait de la proximité des cours d’eau et de la nappe phréatique. Enfin, le dossier présenté par Terzéo comporte de nombreuses zones d’ombre et l’avis favorable des trois commissaires enquêteurs laisse planer une menace quant à une éventuelle décision positive du préfet. (Voir nos précédents articles ici, ici et ici)

« Un mauvais projet avec d’énormes failles »

Samedi 29 avril, la manifestation organisée par l’association « Marne » (Mouvement associatif de résistance aux nuisances environnementales) s’est d’abord formée place de l’Europe à Meaux. Quelque trois cents personnes avaient fait le déplacement. Valérie Pottier-Husson, maire d’Esbly et conseillère départementale du canton de Serris, indique : « Il s’agit de défendre la santé à venir de nos concitoyens et l’environnement. Le site Terzéo, pour le Pays de Meaux, est un mauvais projet. Au mois de juillet, les représentants de Terzéo sont allés le présenter aux différentes communes avec des arguments plus ou moins convaincants. Ils ont proposé des indemnités. Nous ne sommes pas dupes ».

Patrick Kronenberger et Astério Fernandes, du collectif, ont tour à tour pris la parole pour dénoncer le projet. Une lettre ouverte, adressée au préfet de Seine-et-Marne a été déposée symboliquement dans la boîte aux lettres de la sous-préfecture de Meaux. Samedi, le cortège de la manifestation a ensuite traversé le marché du centre-ville pour sensibiliser le public et distribuer des tracts. Les manifestants se sont rassemblés sur le parvis de l’hôtel de ville.

Jean-François Copé a ainsi indiqué que lors du dernier conseil municipal de Meaux il avait fait adopter une motion, votée à l’unanimité, réaffirmant son opposition au projet, tout comme d’ailleurs la CAPM. Il précise : « Le dossier du projet Terzéo comporte d’énormes failles. Il faut bien réfléchir sur la manière dont la France doit traiter les déchets ».

Jean-François Parigi souligne : « Je suis désormais le dossier avec Régis Sarazin, le maire de Nanteuil-lès-Meaux et vice-président de la CAPM. D’ailleurs, une réunion se tiendra en mairie de Nanteuil, samedi 6 mai ».

« L’autorisation d’exploitation

pourrait arriver durant l’été »

Des manifestants ont exprimé leur colère et inquiétude. C’est ainsi qu’Alain, habitant Villenoy, s’indigne : « Nous sommes les premiers concernés par le projet. Nous sommes à moins de 500 mètres du site. Au départ, il avait été question d’installer des panneaux solaires mais il n’en est rien. Nous ne voulons pas du projet de traitement de déchets. On a peur que l’autorisation d’exploitation soit donnée en catimini cet été ».

Marie-Jo réside à Isles-lès-Villenoy avec Michel. Elle ne décolère pas : « Je suis atteinte de deux cancers avec un problème de thyroïde et j’habite à 300 mètres du site en projet alors que nous avons déjà à proximité une usine d’enrobé et la décharge CIV (autorisée à enfouir un million de tonnes de déchets). Je suis scandalisée par le projet ».

Michel Henri, résidant à Isles-lès-Villenoy, à 800 mètres du site concerné, précise : « L’étude d’impact du projet Terzeo a été bâclée. Je pense que le traitement des déchets, tel qu’il est prévu, est potentiellement dangereux. Il n’y aura pas de contrôle de l’Etat et ce sont des sociétés privées (Clamens, Cosson, Bouygues) qui auront la main sur le site. Des failles vont exister : avec la sécheresse et l’évaporation, les métaux lourds vont se diffuser aux alentours. Un risque de pollution de la nappe phréatique existe. La commune a fait effectuer des forages et l’alimentation en eau des habitants de la commune se fait par la nappe. On ignore aussi si Terzéo ne va pas utiliser les anciens bassins de la sucrerie. La Seine-et-Marne n’est pas la poubelle du Grand Paris. J’ajoute que les experts de la DDE (sic) sont les mêmes qui ont effectué le sarcophage de protection contre l’arsenic et qui ont établi le rapport d’analyse du projet Terzeo ».

Ali, Emmanuel, Catherine et Marie, tous élus de Chauconin-Neufmontiers, indiquent : « Les représentants de Terzéo ont présenté le projet de façon biaisée, sous couvert de valorisation des déchets. Nous avons alors étudié le dossier (26 kilos de papier). On s’est alors aperçu que le projet devait se faire sur un site pollué que la Société Terzéo refuse de dépolluer. A la commission Développement durable de la CAPM, les élus de Chauconin ont alerté leurs homologues, ce qui a abouti à la réaction des quinze communes ».

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