Roissy Pays de France ► Le transport et le logement dans la balance du développement économique : entretien avec Patrick Renaud

Le territoire de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France (Carpf) est en fort développement économique. Pour Patrick Renaud, président de la communauté, les transports et le logement sont la clé de voûte de la progression, tant seine-et-marnaise que val-d’oisienne. 

La construction de la ligne 17 du Grand Paris Express est assurée et elle sera mise en service jusqu’aux nouvelles gares du triangle de Gonesse et Roissy CDG à l’horizon 2024, et du Mesnil-Amelot à l’horizon 2030. Elle constitue le projet névralgique de désenclavement du Grand Roissy. Depuis plus de quatre ans, l’ensemble des politiques de mobilités, de développement économique et résidentiel sont centrées autour des gares avec l’amélioration de l’accès des populations à l’emploi, la diminution des inégalités territoriales en favorisant les déplacements vers la capitale, les aéroports et les pôles économiques.

Pour Patrick Renaud, le président de Roissy Pays de France qui articule les projets du territoire, les transports sont une des clés de voûte de l’accroissement économique : « Pour pouvoir répondre à l’évolution économique fabuleuse que nous sommes en train de vivre avec le développement de l’aéroport de Roissy, il faut que nous facilitions le transport aux usagers si on veut qu’ils puissent bénéficier au mieux des emplois proposés. Le T4 va s’implanter sur les deux communes du Mesnil-Amelot et de Mauregard. Ça justifie le fait de construire une gare conséquente au Mesnil, avec tout ce qui va avec, comme le stationnement ou bien un système de navettes ». 

Le président imagine un dispositif où les gens qui prendront le train pourraient laisser leur voiture, par exemple à Thieux ou à Rouvres, dont les gares sont « toutes petites, sans parkings » ou sont « mal utilisées », ou alors venir au Mesnil et rejoindre l’aéroport directement ou encore la capitale par le métro automatique sans passer par Roissy. Il détaille : « L’aérogare supplémentaire drainera 40 millions de passagers. C’est plus qu’Orly qui en compte 33 millions. Elle va générer 40 à 50 000 emplois directs, 100 000 indirects. Il va de soi qu’on est favorable à sa réalisation mais nous avons émis des réserves quant aux transports qui doivent être en adéquation. D’abord il va falloir des travaux sur les routes d’accès comme la RN3, la RN2 qui sont pour l’une en mauvais état et pour les deux, déjà saturées. Nous avons aussi fait des réserves sur le nombre d’emplois qui seront réservés à la Seine-et-Marne car on ne veut pas regarder les autres qui viennent de Paris ou de Seine-Saint-Denis, les prendre à notre place. Ça résoudrait aussi les problèmes qu’on retrouve par exemple à Othis dans la traversée du hameau de Beaumarchais qui bouchonne aux heures de pointe ».

Disproportions

Dans le plan d’ensemble mis au point avec le groupe Aéroports de Paris et le T4 qui ouvrira en 2028, les logements avec les équipements municipaux nécessaires sont « indispensables ». Patrick Renaud explique : « Pour des villes qui se développent fortement, il faut des crèches, des équipements sportifs courants, des stades, des équipements sociaux, des écoles, des cantines. La Carpf doit pouvoir aider les communes à se développer dans ce sens. Il y a des grandes disproportions, comme les deux communes sur lequel sera construit le T4. Elles font 1 200 habitants à elles deux. Quand un A 380 décolle, c’est six fois la population d’un village qui se trouve dans l’avion. Ça ne signifie pas qu’on souhaite faire grossir les petites communes de manière démesurée, mais que nous voulons que les habitants bénéficient d’avantages qu’ils n’ont souvent pas… Même dans le Val-d’Oise, les grandes villes sont excentrées par rapport aux aéroports : Sarcelles, Garge, Goussainville… Après, ce sont des villages. Il faut donc des logements mais ce n’est pas facile d’en construire à proximité en raison du PEB (plan d’exposition au bruit). C’est d’autant plus complexe que nous avons des zones rurales et péri-urbaines « .  

Certaines communes de la Carpf sont en effet limitées en construction de logements, comme Saint-Mard dont le développement économique est important mais qui ne peut pas construire et offrir de nouveaux logements. Patrick Renaud dit échanger avec le préfet de la région Ile-de-France, Michel Cadot, sur les possibilités d’un assouplissement des zones soumises au PEB : « On essaye de trouver des solutions car il devient urgent de pouvoir renouveler la population dans certaines communes qui sont en train de mourir à cause du nombre d’habitants qui baisse. Puisque les avions font moins de bruit qu’avant, il serait dommage de ne pas débloquer la situation concernant la constuction de logements. Le préfet de région nous prête une oreille attentive » confie-t-il. 
Aérien et autres métiers
Hormis les logements, Patrick Renaud estime qu’il va aussi falloir former des gens dans les emplois prévus : « On a beaucoup de création d’entreprises, d’où la signature de la convention pour le pôle des métiers de l’aérien qui a eu lieu au salon du Bourget en juin (voir notre article ici). On sait aussi, par exemple, que le nombre d’hôtels va doubler sur Roissy et le secteur. Il y en a déjà une trentaine et on nous en annonce vingt en plus dans les dix ans à venir. Ça représente des milliers d’emplois, une grosse expansion éconimique sur un territoire qui compte déjà soixante-douze zones d’activités ».
 

Patrick Renaud s’enthousiasme pour le territoire dont il est à la tête : « La Carpf compte 355 000 habitants, on est les rois d’un aéroport, avec les trois quarts de Roissy, on a la moitié du Bourget, c’est formidable ».