Villeparisis ► Ils chargeaient 113 kilos de cannabis dans une voiture

C’est au cours  d’une ronde de routine que les policiers de la BAC ont aperçu, vers 2 heures du matin, le 19 juillet à Villeparisis, deux individus affairés à charger de lourds paquets dans un véhicule Mercedes. Mercredi 5 avril, les transporteurs et un receleur ont été jugés par le tribunal de Meaux.

Cette nuit de juillet, dès qu’ils ont vu la police, les deux compères ont lâché leurs paquets et tenté de fuir, en vain. Mamadou* et Sofiane* ont été rapidement rattrapés par les policiers qui ont découvert avec stupeur pas moins de 113 kilos de cannabis emballés dans des valises marocaines (sorte de ballot recouvert de toile de jute) de 30 kilos. En fouillant le véhicule, ils ont aussi trouvé des téléphones portables, talkies-walkies, gants, cagoules ainsi que des munitions de calibre 38.

Les policiers sont parvenus rapidement à identifier l’appartement d’où venaient les deux hommes. C’est là qu’ils ont découvert, dans une chambre inoccupée du premier étage, des cartons vides identiques à ceux trouvés dans la voiture. Les policiers ont identifié plus tard un troisième individu, André*, comme étant celui qui avait entreposé les cartons de drogue dans la chambre de sa demi-sœur, locataire de l’appartement, et elle-même fichée pour de nombreuses escroqueries.

Il soupçonne sa sœur d’une « arnaque »

Le lendemain de la saisie de drogue, André a été informé par sa sœur que la drogue avait été saisie. Celui-ci ne croyant pas à une intervention policière a alors soupçonné sa sœur d’avoir « monté une arnaque » pour lui voler la drogue. Il l’a menacée de mort et lui a juré de donner son adresse aux trafiquants pour qu’ils se vengent. Craignant pour sa vie, la sœur a porté plainte. Interpellé peu après, André a reconnu être  l’intermédiaire  des trafiquants et avoir agi pour toucher 6 000 € afin d’éponger une « dette de poker ».

Les deux autres protagonistes ont expliqué aux policiers qu’ils n’étaient que de simples transporteurs « uniquement chargés d’emmener la marchandise d’un point A à un point B ». Tous deux, en difficulté financière, avaient « grand besoin d’argent » et le transport qu’ils avaient accepté d’effectuer entre Villeparisis et Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) devait leur rapporter  2 000 euros chacun.

Receleur, transporteurs, commanditaires…

Dans son réquisitoire, le procureur, Alice Dubernet, a précisé que le dossier contenait « trop de questions sans réponse » : un receleur qui reconnaissait que la drogue venait de l’appartement, deux complices « transporteurs » qui ne connaissaient pas le receleur et prétendaient avoir transposé la drogue d’un véhicule Kangoo, jamais identifié, dans une Mercedes ;  des cartons vides dans l’appartement et une fenêtre ouverte supposant qu’il y avait plus de drogue et sans doute une tierce personne dans l’affaire, et enfin des commanditaires dont tous les protagonistes se sont refusés à communiquer les noms.

Le procureur en a terminé en précisant : « On ne confie pas 113 kilos de drogue à des amateurs et en l’espèce, on a affaire à une véritable association de malfaiteurs et trafiquants de drogue représentant une valeur de 300 000 euros à l’achat, soit environ 800 000 euros à la revente au détail ».

« Compte tenu de la gravité des faits et des profils des prévenus, chacun ayant entre quatre et quinze mentions sur son casier judiciaire », le procureur a réclamé quatre ans de prison pour les deux transporteurs et cinq années pour le troisième.

Les trois avocats des prévenus se sont attachés à démontrer « l’aspect fantaisiste » de la notion d’association de malfaiteurs avancée par le procureur en relevant  le côté amateur et « pauvre mec » des protagonistes, incapables d’organiser le transport, de fuir ou même d’oublier de porter des gants pour masquer leurs empreintes. « Bien loin de gros  trafiquants dangereux, ont-ils  avancé ironiquement, ce ne sont que trois pauvres garçons, qui ont voulu saisir une opportunité pour  gagner un peu d’argent ». Selon la défense, en coopérant en ayant reconnu les faits, une peine allégée avec un sursis partiel devrait pouvoir être accordée à leurs clients.

Après son délibéré, le tribunal a condamné respectivement Sofiane à quarante-huit mois de prison dont trois ans fermes, Mamadou à quarante-deux mois dont deux ans et demi fermes et André à quarante-huit mois dont trois ans fermes.

*Les prénoms ont été changés.