Chelles ► Un policier roué de coups dans une cellule de garde à vue

Walid* et Karim*, des frères jumeaux de 18 ans, et Stevie*, 19 ans, ont été jugés en comparution immédiate au tribunal de Meaux. Après avoir été placés en garde à vue suite à un contrôle, les jeunes ont fait vivre un cauchemar aux policiers, 48 heures durant.

Le commissariat de Chelles a été avisé d’un attroupement d’une trentaine d’individus excités, samedi 4 mars à 19 heures. A l’arrivée d’une patrouille, les personnes s’étaient dispersées. Restaient six jeunes à bord d’une Renault Laguna, un passager à l’avant et les cinq autres à l’arrière, le conducteur, un certain Momo s’étant esquivé à l’arrivée des policiers. Trois des occupants ont été interpellés du fait de leur comportement agressif et de la découverte d’armes blanches  (couteau, poing américain …). Les policiers ont pensé avoir empêché un règlement de compte entre deux cités de Vaires-sur-Marne et Chelles.

A l’audience, lundi 6 mars, quand la juge leur a demandé : « Vous faisiez quoi à sept dans une voiture ? », les  jeunes ont répondu : « On allait voir une fille »

A sept ?

On fait ce qu’on veut, non ?

Au commissariat, alors que l’agent M. venait chercher un gardé à vue dans la cellule où Walid était retenu, ce dernier a mis son pied au travers de la porte, empêchant M. de ressortir. Walid a insulté et bousculé le policier et il s’en est suivi une bagarre. Le temps qu’un autre policier intervienne, M. s’était fait rouer de coups et en a pris un à l’œil droit. Une fois maîtrisé, Walid a menacé de mort le policier et sa famille, proférant entre autre  : « Sale fils de p…, je vais te suivre, te traquer jusqu’à chez toi et tous vous tuer ».

A partir de ce moment, les cellules de garde à vue sont devenues ingérables, selon ce que rapportent les fonctionnaires. Il y résonnait des insultes, des coups sur les portes, les murs. « Ils y mettaient toutes leurs forces » témoigne le commissaire de Chelles. Quand elle est descendue pour calmer les détenus, les coups et les cris ont redoublé de violence. Elle et son adjointe ont supporté des propos « d’une  violence verbale gratuite et dégradante ». « Bandes de sa… Morues ! » ont-elles  entendu avant de filmer la scène, ce qui a eu pour effet de stopper net les agissements des vociférateurs.

Walid, dans le box des prévenus, était offusqué de la déclaration du commissaire de police, levant souvent les yeux en l’air et souriant sardoniquement à son frère jumeau. Il reconnaissait avoir effectivement provoqué le policier mais affirmait que c’est celui-ci qui l’avait frappé. Il ajoutait, et n’en démordra pas de tout le procès : « On ne nous a même pas donné à manger… On avait les nerfs ». Son frère, Karim a donné la même explication : « Le policier m’a traité de fils de p… ». Malgré le fait qu’il a déclaré avoir lui aussi été frappé, aucune trace de lésion n’a été constatée.

Le commissaire a insisté : « C’était un vrai tintamarre, tellement impressionnant que des gens à l’accueil du commissariat sont partis, effrayés… Les faits ont commencé le matin de leur altercation, et s’ils n’ont pas reçu de repas c’est parce qu’ils nous rejetaient au visage la nourriture qu’on leur apportait ».

Stevie a été condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis. Karim a quant à lui été condamné à trois mois d’emprisonnement et son frère Walid a reçu le double, sans mandat de dépôt. Les deux frères devront verser des dommages et intérêts à chaque policier victime.

*Les prénoms ont été changés.